APCO Vista. Le vent qui s’est orienté à peine plus Sud-ouest en altitude a bouleversé les prévisions météo et la journée se révèle particulièrement propice au vol sur le site d’Arbas. Ceux qui ont pu être là et décoller suffisamment tôt ne l’ont pas regretté. C’est avec un drôle de petit pincement au cœur que je me retrouve au décollage avec la Vista à essayer. Il y a de nombreuses années que je n’ai pas volé sous une Apco, depuis mon X’Tra le petit vélo tonique de la gamme à l’époque. Et vous le savez, les amours du passé peuvent être enfouies mais ne sont jamais oubliées et même quand c’est fini, «amour» ne rime qu’avec « toujours » ! Après quelques modèles un peu trop « inertes » et des prix élevés (logique en regard de la longévité exceptionnelle des produits), la mode des Apco est passée en France. Anatoly Cohn, le boss, l’a bien compris et il revient dans notre pays en s’appuyant sur une structure commerciale un peu différente et surtout sur des nouveaux modèles intégrant des choix de conception plus « fun ». Je volerai sous cette Vista S à 87 kg de ptv, bien au milieu de fourchette (75-95). Le tissu Gelvenor double enduction silicone est toujours somptueux au dépliage et tellement suave sous les doigts… Le pois de l’aile est pour quelques centaines de grammes forcément plus important mais c’est le seul prix à payer pour une longévité jamais égalée dans le monde du parapente ; ça n’a tout simplement rien à voir avec le reste ! Construction de qualité, mini lattes souples en nez de cloisons, jolies poignées de frein tenues par aimant, émerillon, velcros de stabilos, A dédoublés, etc, la Vista présente bien. Dans un mini souffle d’air je gonfle face à l’aile qui monte facilement sans tendance à dépasser. Je me retourne avec une aile bien calée au-dessus de la tête, il n’y a plus qu’à se jeter dans la pente. Tranquille et facile… Comme Lundi dernier, Stéphane est là avec son Oméga 7 + cocon. Première surprise, c’est tout doux lorsque je tire la commande pour initier mon virage et ça répond au doigt et à l’œil. Comme Lundi dernier je dépose Stéphane dans le petit thermique du décollage, ça va finir par l’énerver ! Avec nous il y a aussi Anne Dufour sous Antéa, la petite Vista fait largement jeu égal en taux de montée. C’est un régal en virage, je retrouve vraiment les sensations de l’époque de l’Xtra. Le début du débattement procure un effort léger, doux et progressif puis lorsque les mains descendent cela durcit nettement. La réponse de l’aile est parfaitement coordonnée, on peut changer d’inclinaison et de régime de virage à la demande, noyauter ou remettre à plat tout est facile et dosable sans nervosité mais sans le moindre retard. Une mania à la fois douce, directe et progressive avec une aile joyeuse et efficace. Pas de prise en main nécessaire, on se retrouve d’entrée de jeu au plafond, tellement en confiance que je finis par lâcher les deux commandes pour raccrocher mon accélérateur qui s’était défait… Bras hauts c’est clair que ça plane, là aussi le top de la catégorie. On peut lui reprocher un petit manque de vitesse, c’est de l’ordre de 35 Km/h à la charge alaire de l’essai ; au vu du reste des comportements on pourra sans souci la charger à fond. L’accélérateur est très progressif lui aussi et il faut laisser l’aile accélérer bien calmement, le premier barreau ne délivrant que 3 Km/h supplémentaires. Pour aller vraiment vite il faut engager le second et alors ça avance mais ce n’est manifestement pas le domaine des hautes vitesses qui a été recherché avec ce modèle. Parvenu sur le Mountagnat, ça cartonne dans des déclenchements chaotiques. La Vista éponge la turbulence tout en restant directe en ressenti et suffisamment informative. On se sent à l’aise sans avoir l’impression de subir. Le thermique finit par m’arracher à +7-+8 m/s en instantané et se stabilise à +3,5 intégrés sur 15 secondes. L’aile rentre joliment dans ces fortes ascendances sans cabrer et en conservant bien sa ligne de vol : elle ne rechigne pas, c’est parfait. De temps en temps si on veut rester bien stable on peut avoir à la retenir légèrement aux freins : elle est un poil moins amortie à piquer, pas inquiétante, juste informative. Du bon travail a été accompli chez Apco car les performances sont dans le haut du panier avec une aile peu allongée et bien moins cloisonnée que certaines concurrentes, bravo. Je m’amuse vraiment bien dans cette aérologie qui forcit en même temps que le vent, avec cette aile qui boucle bien toutes sortes de virage à la demande, idéale en thermique faible ou fort. Pas loin du plafond, à 1850 m les Pyrénées défilent en cinémascope dans des lumières et des couleurs de fin du monde, une ambiance chaque fois aussi fabuleuse que la nature nous renouvelle chaque année ! Ca fait vraiment du bien. La vie du pilote est facile à bord. Le tissu gras est très silencieux en turbulence et en fournissant le minimum syndical question pilotage, il n’y aura pas la moindre fermeture. Revenu de Fougaron au-dessus de l’atterrissage avec 1200 m de gaz, je teste gentiment les 360. La Vista s’y met à la demande, juste comme vous voulez, à votre rythme et permet de doser avec exactitude sur un débattement toujours correct la centrifugation. Pas de surprise, rien que de la facilité ; plus de puissance se manifeste pour des inclinaisons plus fortes ou l’aile tend à accélérer seule mais pas brutalement ; se remettre à plat dans la sellette suffit à calmer immédiatement le jeu. Sortie anecdotique, y compris en aérologie agitée. Le pilote qui veut investir dans une aile qu’il gardera de très nombreuses années et qui le servira sans faille dans la joie de voler fera le choix parfait avec la Vista. Je crois que c’est un vrai retour aux sources pour Apco, retour aux fiançailles de l’aile et de la masse d’air, retour au bonheur du virage et du thermique, retour aussi au succès commercial. Avec les performances et la sécurité d’aujourd’hui, le plaisir des amours d’antan… Vincent.
Date de création : 23/02/2007 ¤ 17:59
Dernière modification : 23/02/2007 ¤ 18:04
Catégorie : Essais voiles
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